Comment aborder différemment l'apprentissage sur le lieu de travail numérique ?

Comment aborder différemment l'apprentissage sur le lieu de travail numérique ?

01 juin 2021
  • ressources humaines

L’apprentissage sur le lieu de travail numérique. Pourquoi est-ce un tel combat ? Comment cela pourrait-il en être autrement ? Nous nous glissons dans la tête de Dimitri Roman, expert en apprentissage continu chez Delaware. Son conseil : osez évaluer l’apprentissage dans votre organisation de façon vraiment critique. Arrêtez de recycler les méthodologies existantes. Optez pour de nouvelles formules, et, pourquoi pas, intégrez également l’apprentissage dans le quotidien des personnes.

Dimitri Roman : « Revenons un peu en arrière. Comment apprenions-nous “autrefois” sur le lieu de travail ? un apprentissage “formel” classique : le formateur transmettait ses connaissances de façon structurée et systématique, en se tenant devant de la classe (numérique). Nous apprenions également de façon “informelle”, par exemple en consultant des livres, via Google et des systèmes de gestion de l’apprentissage. Nous apprenions enfin aussi de façon “sociale”. Via le collègue assis à côté, qui effectuait une chose que l’on voulait aussi savoir faire. Cette dernière forme d’apprentissage était importante, mais elle avait un coût caché. Durant le transfert des connaissances, l’expert n’exerçait pas les fonctions pour lesquelles il était payé, et ce transfert de connaissances se déroulait en tête-à-tête et n’était inscrit nulle part. »

C’est ce qui se passait au quotidien dans les environnements de travail connectés.

Aujourd’hui, nous travaillons (pour la plupart) à distance. Une tendance que le COVID-19 n’a fait qu’accélérer, mais qui était présente depuis bien plus longtemps, dans les entreprises internationales, par exemple.

Et aujourd’hui ?

L’apprentissage formel se fait à la fois de façon synchrone et asynchrone. Pour l’apprentissage informel, nous continuons à consulter Google et compagnie, et il existe désormais de nombreux catalogues d’apprentissage tels que LinkedIn Learning et Skillsoft. Des plateformes numériques qui contiennent d’énormes quantités de connaissances de qualité, mais dont les études montrent qu’elles ne pas beaucoup utilisées. Les chiffres avancent un maximum de 7 % des travailleurs. L’apprentissage formel en classe, qui se fait souvent par webinaire, est régulièrement complété à l’aide de ces catalogues. Selon Dimitri Roman, cette façon de faire est dépassée, et ne fait que recycler de vieux outils et de vieilles méthodes.

Alors, pourquoi ne pas fusionner l’apprentissage en classe avec un catalogue et intégrer le tout dans un « programme d’apprentissage » ? À nouveau, nous savons que seul un petit pourcentage des travailleurs achève les programmes. Vous devez en effet parcourir par vous-même tout le processus d’apprentissage.

L’apprentissage social a disparu

Selon Dimitri, c’est justement là qu’est le problème. Dans nos environnements de travail numériques, « l’apprentissage social » a disparu.

Dimitri : « Pour mieux comprendre le mécanisme de l’apprentissage social, je me réfère à la théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura. Il a mené des expériences dans les années 1960 qui ont montré que les enfants apprennent de façon sociale en imitant le comportement des adultes. Les adultes le font aussi. Le mécanisme sous-jacent de ce comportement est que nous éprouvons de l’admiration pour les autres. Nommer des utilisateurs clés dans les processus de changement n’est donc une bonne idée que s’il s’agit de personnes pour lesquelles les travailleurs de l’organisation éprouvent de l’admiration. »

Comment faire en sorte que cet apprentissage social revienne sur le lieu de travail numérique ? Selon Dimitri, la réponse est logique. « En l’intégrant dans l’environnement social de vos collaborateurs. Quel est leur “lieu de vie numérique” ? Cela varie d’une entreprise à l’autre, dans certaines organisations, il s’agit de MS Teams ou de Slack, mais également s’agir de Facebook ou de WhatsApp. Intégrez cet environnement dans votre architecture d’apprentissage. C’est en effet là que l’apprentissage social est le plus efficace. Un conseil : choisissez un seul domaine, les fans de Microsoft optent souvent pour MS Teams, les utilisateurs de Salesforce choisissent Slack.

Cela n’est pas nécessairement la fin de votre LMS. Un LMS, comme SAP SuccessFactors, est une plateforme que vous pouvez continuer à utiliser comme back-office administratif. Pour gérer votre conformité, pour suivre les progrès et consulter les rapports… Mais ce n’est pas l’interface qui correspond à l’expérience de vos travailleurs. Aujourd’hui, nous intégrons cette expérience à l’espace de travail numérique de nos travailleurs, et nous établissons une connexion directe avec le LMS. »

Les avantages de l'apprentissage social

Au sein du système, vous pouvez créer des canaux et des groupes. Les collaborateurs peuvent se connecter à l’avance. Les formateurs et les coachs peuvent créer des interactions avant, pendant et après. Tout le contenu est enregistré et peut être consulté ultérieurement. L’apprentissage social devient ainsi mesurable.

Vous rendez également ainsi l’apprentissage social visible. En demandant d’effectuer et de remettre un travail, le contenu et les interactions sont accessibles à l’ensemble de la communauté d’apprentissage. Vous pouvez proposer des récompenses et des certificats avec différents niveaux. La « salle de classe » ou le canal d’apprentissage dans l’environnement social restent ouverts. En cas de mises à jour ultérieures, vous suivez le même flux et partagez les nouvelles connaissances avec la bonne communauté d’apprentissage. Un apprentissage continu garanti.

Dimitri : « L’un des concepts clés est le learning leadership. Ce qui suscite le déclenchement. Les leaders peuvent être des formateurs, mais aussi des chefs d’équipe ou des membres de l’équipe : des personnes appréciées pour leur expertise. L’apprentissage se fait au sein des équipes, le professeur devient étudiant, l’étudiant devient professeur. L’apprentissage social consiste à agir. Essayer. Publier des actions. Réagir. La pression sociale vous pousse à participer. Demandez toujours de l’engagement au début du processus. N’obligez personne, mais invitez les collaborateurs à réfléchir aux raisons pour lesquelles ils souhaitent participer au processus d’apprentissage.

Créer des parcours où se combinent apprentissage formel synchrone et asynchrone et apprentissage informel et social n’est pas une solution bon marché. Mais cela permet de recentrer l’apprentissage sur l’humain. L’impulsion est là, mais comme l’a justement dit Albert Einstein : ”Learning is an experience, everything else is information.” »

Étape suivante? Learning in the flow of life

Toutefois, vos gains d’apprentissage seront encore plus importants si vous extrayez l’apprentissage de l’environnement purement professionnel pour l’intégrer dans la vie quotidienne des personnes.

Un exemple simple permet de comprendre ce principe, explique Dimitri. « Tout à coup, vous travaillez depuis chez vous. Vos contacts avec vos collègues se déroulent désormais via Teams. Vous apprenez à travailler dans ce nouvel environnement, en essayant et en faisant des erreurs. Et puis, vous allez recourir à Teams pour les réunions mensuelles de votre club afin que celles-ci puissent continuer à se dérouler. Et hop, vous voilà expert en Teams en un rien de temps !

Autre exemple : une formation “classique” de conformité à propos des e-mails d’hameçonnage se compose d’un module d’apprentissage en ligne, où vous cliquez sur “suivant”, “suivant”, “suivant”. Dans le cadre d’un apprentissage formel, quel serait l’impact d’un e-mail d’hameçonnage qui bloquerait virtuellement votre ordinateur ? C’est également possible sur votre ordinateur personnel. Dans quel cas avez-vous réellement appris quelque chose ? Lors de la formation où vous deviez cliquer, ou lors de l’expérience en situation réelle ?

L’apprentissage ”in the flow of life” est un concept fort qui fait réfléchir l’individu aux avantages que lui apporte, à lui en tant que personne, l’apprentissage, ce qui est bénéfique pour l’organisation. Cette idée permet également d’intégrer les jeunes générations Y et Z, qui, elles, n’ont pas un travail, mais une vie. »

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